NICOLAS DRIOT
Pour trouver Nicolas Driot, rien de plus simple, il suffit de regarder au cœur de la Foule sentimentale pour le découvrir marchant d’un pas enjoué au milieu d’autres rêveurs réalistes. Faut voir comme il nous parle d’amour – mais pas que – portant la douceur comme un étendard ! Né à la musique sous le nom de Kandid, il redevient avec « Cartographie du Cœur » Nicolas Driot et enlève ainsi tous les masques possibles pour être au plus proche de ses émotions qui ressemblent aux nôtres. Plus pop qu’avant, ses chansons qui font du bien nous entraînent sur les routes du doute, des rencontres, des vrais (et des faux) départs, des espoirs, de la beauté aussi et où la Vie toute entière irradie ses mots nouveaux.
« Si nos rêves ne sont pas morts et que l’amour bouge encore » sont les premiers mots de ce nouvel album où l’avatar Kandid cède sa place à Nicolas Driot qui retrouve ainsi toute son envie de nous chanter au creux de l’oreille son regard sur la délicatesse et la rudesse des sentiments.
La discothèque familiale peuplée de Beatles, Simon & Garfunkel et Leonard Cohen, sera son premier refuge. De l’écoute à la pratique il n’y a qu’un pas qui l’envoie derrière une batterie, mais qu’une surdose de Beatles dirige tout naturellement vers la guitare, celle avec qui on peut écrire des chansons pour contrer la timidité et que les regards se tournent vers soi. Pour muscler ses envies de musique, direction le nord de l’Angleterre, plus précisément Manchester. L’auvergnat qui chantait en anglais découvre là-bas son amour de la langue française dans les pubs où sa french touch charme.
Kandid, qu’un anglais qui ne connaît pas Voltaire traduirait par « Franc-tireur », figurant un cupidon aux flèches rouges pastels y est né. Puis retour au pays de Jean-Louis Murat qui le touche toujours et début de sa vie de Kandid en 3 albums auquel il convient d’y adjoindre « Victor et le Ukulélé », son conte musical pour le jeune public qui parle d’un garçon de 7 ans qui est si petit qu’on le remarque à peine, sauf quand il prend son petit instrument (ça sent le vécu), spectacle qui l’accapara sur les routes ces derniers temps et qui tourne toujours.
Et puis la vie lui joue des tours et lui fait perdre ses repères et loin d’oublier ses chansons lui en offre d’autres plus fortes qu’à ses 20 ans. « Poésie pure » raconte la beauté des rencontres imprévues qui bouleversent ce que l’on croyait immuable. « Des cailloux et des espoirs » explore les doutes et les espoirs de la dualité des sentiments. En quelque sorte la vie avec ses mais, que cet amoureux des mots parvient à dompter sans tempêtes.
Auteur compositeur interprète un jour, ACI toujours, ce chanteur aux bras grands ouverts est passé avec brio d’une chanson folk à une chanson pop. « Surprends moi STP » fut la demande initiale que Nicolas Driot fit à son réalisateur Vivien Bouchet, bassiste du groupe Kaolin, qui a travaillé avec Zazie, Daho et Edith Fambuena. « Nu », le précédent album, portait bien son nom avec le postulat de départ d’enregistrer en maximum 2 prises; pour « Cartographie du Cœur », il se glisse habilement dans des habits musicaux actuels.
Créateur d’un pays imaginaire où l’amour a perdu son GPS, il pose sur la pochette en roi de carte à jouer – de cœur évidement – comme un guide (cf. « Des Boussoles » interlude instrumental en fin d’album avant la résurrection de l’amour triomphant) qui apprend en même temps que nous.
Plus Cabrel dans la fermentation d’écriture que Murat, Nicolas Driot choisit le mot juste, sans copier ses aînés en puisant dans ses propres aventures à la façon d’un Ben Mazué, qu’il souhaite rendre universelles, l’empathie au bord des lèvres. Baudelaire et Kerouac sont dans les parages et si les circonvolutions des sentiments amoureux sont bien là, l’amour paternel (« Des histoires »), l’amitié (« Un homme à la mer »), et la banalisation de la haine ordinaire (« Seulement le vent ») sont présents et créent un ensemble cohérent, véritable carte d’identité d’un chanteur qui assume sa sensualité avec ses mots pudiques et justes ainsi que sa douceur. Douceur que l’on retrouve dans sa voix rassurante et amie,
Parce que chanter c’est partager, il a invité Émilie Marsh à faire les chœurs sur « Poésie pure », et Luciole en duo sur « Notre route » qui féminisent ces onze titres, ainsi que La Grande Chorale de la Coopérative de Mai (La SMAC de Clermont-Ferrand) pour « Ensemble », une chanson de consolation.
Sur scène Nicolas Driot chante pour nous mais aussi pour se mettre au défi d’être dans la lumière. Le souvenir d’un de ses premiers concerts en ouverture de Miossec est encore vif. Avoir pu ainsi vaincre sa timidité et en faire une force pour qu’on l’aime encore et toujours demeure son adrénaline préférée. Il chante sa vie avec élégance et cherche à travers la musique à trouver le bonheur, savoir où le trouver et espère le trouver. Pour nous montrer le chemin en quelque sorte.
Un joueur de mots (hyper)sensible à l’imaginaire calme qui voyage entre poésie et preuve d’amour de tous les jours qu’il rend unique. Voilà le portrait de Nicolas Driot (ex Kandid) en chanteur au cœur secoué qui traverse les années en douceur et profondeur au milieu de la Foule sentimentale.
Olivier Bas